Après la légende de l'Earl Grey, il est temps de quitter l'Inde et la couronne d'Angleterre pour poser nos valises... au pays du Soleil Levant.
Le Japon au XVe siècle
Si le peuplement des iles japonaises par les hommes remontent à 100 000 ans av. J.-C., nous n'allons pas remonter si loin dans l'histoire. C'est au XVe siècle que commence cette histoire, au cours de la période féodale. À cette époque, les Shoguns du clan Ashikaga (un important clan de samouraïs) règnent en maitres, aux côtés de l'Empereur.
Au cours de cette période, la coutume de déguster du thé se développe fortement au travers du pays, à la cour comme au cœur des temples zen. On codifia le chanoyu, ou voie du thé, en décrivant son propos et ses étapes. Prendre le thé commençait par un verre de saké, suivi par une promenade dans le jardin, avant de déguster le thé dans une pièce dédiée et de terminer par des divertissements tels que des chants et des danses. Tout un programme.
Au cours de la cérémonie du thé, on accordait autant d'importance à l'environnement qu'à la boisson. Aujourd'hui encore, nous sommes nombreux à avoir à cœur l'expérience, plutôt que de se contenter du liquide : après tout, la musique, la vaisselle et surtout la personne avec qui on le partage, sont au moins aussi importants que le thé qu'on boit !
Le Genmaicha
Au cours de cette période, si les nantis avaient le loisir de déguster thé et saké, les serviteurs étaient beaucoup plus laissés pour compte. Les repas étant rares et frugaux, certains développèrent l'habitude de dissimuler dans leurs manches retroussées des poignées de riz : ce garde-manger improvisé, à l'abri des regards, permettraient de diner à sa faim.
Genmai était l'un de ces serviteurs. Alors qu'il préparait le thé pour son maitre, il commit l'impair d'y renverser quelques grains de riz ; une maladresse qui allait lui coûter la vie. Sans attendre, son maitre se saisit de son arme et lui trancha la tête, qui roula sur les tatamis de la salle de cérémonie. Contrarié mais néanmoins décidé à conserver bonne figure, le samouraï revint prendre place et déguster le thé que Genmai avait servi. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir combien il était délicieux !
Pour se faire pardonner, le samouraï nomma le thé du nom de son serviteur : Genmaicha (littéralement "le thé de Genmai").
Les secrets et la saveur du Genmaicha
Aujourd'hui, le Genmaicha est préparé à base de thé vert et riz grillé. Les notes végétales et iodées du thé sont adoucies par le parfum de céréale torréfiée du riz. Cela en fait sans doute l'un des plus doux des thés verts et une excellente porte d'entrée pour les découvrir.
Certaines variantes comprennent des grains de riz soufflés, qui apportent un supplément de légèreté et de gourmandise à la recette. C'est le cas du Genmaicha Kodama.
La réalité derrière la légende
Toutes les belles histoires ont leur part de mystère. Ainsi, peut-être Genmai n'a-t-il jamais existé, puisque ce terme signifie "riz brun" ou "riz non poli". Mais nous croyons au pouvoir des contes, alors nous rendrons toujours hommage à chaque gorgée de Genmaicha, en souvenir d'un humble serviteur qui a changé la face du monde du thé !
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